La simplification n'est pas toujours la meilleure option

Quand on est jeune on est très naïf on s'imagine que des choses fonctionnent comme de la manière la plus complexe que l'on connaisse. Or, la connaissance d'un néophyte sur un ou plusieurs sujets sont par définition limitée. Cette naïveté nous pousse donc à croire que beaucoup de choses sont simples, à tord. Alors tant que nous ne sommes pas confrontés à ces sujets, peu importe. Seulement quand nous y sommes confrontés il n'y a que deux options possibles. Apprendre pour comprendre ou refuser d'apprendre pour rester néophyte. Il est de la responsabilité de chacun que de choisir d'apprendre ou pas. Nous avons tous nos contraintes, nos contextes, nos objectifs. Seulement dans une société, peu importe sa taille, il y a certains sujets sur lesquels nous n'avons pas de choix. Dans la société Française nous devons apprendre à payer nos impôts, nous devons apprendre un métier, nous devons apprendre à conduire avant de prendre le volant. À l'échelle d'une famille nous devons apprendre ses codes, apprendre à communiquer, apprendre à partager. Contrairement à certaines espèces, l'humain ne naît pas avec un paquet génétique contenant une certaine dose de connaissance. Il a l'obligation d'apprendre tout au long de sa vie.

Il est manifestement évident que notre société n'est plus capable de tenir un discours honnête, logique et raisonnablement informé sur des questions importantes. Au lieu de cela nous faisons l'expérience de la fiction, de la manipulation, de la stupidité et de la diatribe. Ceux qui refusent d'apprendre le justifient pas une recherche de simplification, pour ne pas "se prendre la tête". Tandis que d'autres, peu importe leurs niveaux de connaissances, se heurtent à une société qui se polarise, une société qui s'immobilise.

Pendant longtemps j'ai pensé partager mes photos de voyage. Me disant que partager avec ma famille était une bonne chose. Un jour je me suis rendu compte que la manière que j'avais de partager ces moments allaient contre mes intrêts. Les clients regardaient. Les entreprises regardaient. Les clients des entreprises regardaient. Par manque de savoir, puis par simplification (naïveté), ces mêmes personnes ont commencé à conclure, à tord, que j'étais moins sérieux que ce qu'ils pensaient puisque je devais passer plus de temps à faire du tourisme qu'à travailler. J'ai retiré mes photos du web pour protéger cette confidentialité. Les données privées dans les mains de ma famille n'étaient pas utilisées de la même manière qu'entre les mains de professionnels.

Cette prise de conscience rend la communication publique plus rare, plus courte. La tendance est d'intégrer des groupes plus restreints pour discuter de sujets plus encadrés dans l'intérêt de tous.

Je ne suis pas partisan des discours vides de sens. Les Anglais parlent de "small talks" que l'on peut traduire par "faire la conversation". J'ai besoin de concret, j'ai besoin de savoir que mon temps n'est pas gaspillé. Je préfère m'éloigner de la médiocrité. Attention, du temps gaspillé n'est pas du temps à rien faire, à se reposer ou à regarder une chèvre passer dans un champ. Du temps gaspillé est du temps qui ne sert aucune finalité jugée valable par la conscience de chacun. Par exemple, poster des phrases d'inspirations sur Instagram pour se donner une posture relève du gaspillage au regard de mes propres finalités. C'est aussi extrêmement narcissique mais chacun fait ce qu'il veut. Je regrête simplement que certains choisissent le paraitre à l'être, la croyance à la connaissance.

C'est ce rapport à la connaissance en société qui m'angoisse. Ceux qui savent comprennent qu'il faut continuer d'apprendre tandis que, ce ceux qui ignorent croient tout comprendre. Je ne sais plus quel philosophe disait celà mais je souscris à l'analyse. Savoir n'est pas inné. Et puis les contextes changent. Il y a plusieurs étapes à suivre pour développer un savoir. Collecter, analyser, connecter, tester, comparer, documenter, maintenir. Voilà des étapes que "les simplificateurs" préfèrent ignorer sous prétexte qu'aller droit au but permet de "gagner du temps". Accessoirement cela permet aussi de ne pas avoir à accepter de devoir apprendre. Autrement dit faire preuve d'humilité.

Mon hygiène intellectuelle consiste avec le temps à me débarrasser des opinions. Ceci pose problème de nos jours, car dès l'instant ou l'on refuse de mettre ses opinions en bandoulière, au fond, on refuse de s'identifier. Alors on accepte que chacun puisse projeter ce qu'il veut. C'est comme ça qu'en me limitant à des faits, certains ont projeté sur moi un anti-vax par exemple.

À ce moment de l'histoire en France la position gouvernementale était que ceux qui refusaient le vaccin n'auraient pas de pass sanitaire. Soit. Les naïfs y ont vu une réciproque fausse mais accomodante. Autrement dit, ceux qui refuseraient le pass sanitaire seraient contre le vaccin. C'est d'une telle absurdité que cela en donne le vertige. Il faut prendre quelques secondes pour réaliser le manque de connaissances béant. Le vaccin relève de la santé individuelle tandis que le pass sanitaire relève d'une violation, assumée par un gouvernement, de la vie privée de ses citoyens. Un gouvernement a choisi de conditionner certaines libertés et de récolter des données privées grâce à un acte médical. En quoi s'opposer à un viol de la vie privée ou de la liberté équivaut à s'opposer à un acte médical? Cela n'a pas de sens. Les deux sont parfaitement compatibles. Cette conclusion ne se justifiait déjà pas dans sa théorie mais les faits ont depuis démontrés exactement le contraire. Pire, des gens peux scrupuleux ont utilisé la naïveté ambiante pour en tirer divers profits. Transformant des naïfs innocents en victimes.

Cet exemple illustre un manque de nuance galopant dans des relations sociales de toutes sortes, quels que soient les sujets. Ce phénomène est exacerbé par le besoin d'identification et des postures publiques à défendre. Si on ne comprend pas son interlocuteur et qu'on le traite de fou c'est qu'on est au degré 0 de l'analyse. Ceci conduit à la surenchère émotionnelle et à l'exagération des opinions tendant à éloigner lentement mais surement l'objectivité et la vérité.

Il est urgent de faire preuve d'humilité, de collecter des informations et d'accepter la confrontation de ses idées avec bienveillance.